Écrire pour un théâtre de papier — Chantal Dupuy-Dunier / Writing for a Theatre of Paper — French Poet Chantal Dupuy-Dunier

French

Éphéméride
PAR Chantal Dupuy-Dunier
(Flammarion, 2009)

Saorge

Saorge, dans la cellule du poème
PAR Chantal Dupuy-Dunier
(Voix d’encre, 2009)

Creusement de Cronce

Creusement de Cronce
PAR Chantal Dupuy-Dunier
(Voix d’encre, 2007)

Initiales

Initiales
PAR Chantal Dupuy-Dunier
(Voix d’encre, 1999; Prix Artaud 2000)

Quand j’ai pris la décision de traduire votre poésie, j’ai consulté des anthologies de poésie française pour tenter de déterminer votre « lignée poétique ». Quels poètes — français ou autres — vous ont inspirée ? Si vous aviez une « famille poétique » formée uniquement de poètes, qui composeraient les membres différents de cette famille (mères, pères, grand-parents, frères, sœurs) ?

Lorsque j’ai commencé à écrire, j’ai surtout été inspirée par des poètes français car je connaissais peu les auteurs étrangers, seulement quelques francophones (belges, québécois, sénégalais…) C’est plus récemment que j’ai lu des poètes orientaux, puis des poètes anglo-saxons et américains. J’ai découvert ces derniers grâce à Yves di Manno, qui dirige la collection poésie des éditions Flammarion. Il est traducteur de nombreux poètes américains, notamment dans son livre Objets d’Amérique et dans l’anthologie de Jérôme Rothenberg, Les techniciens du sacré, deux ouvrages publiés chez José Corti. Le deuxième est un ensemble de textes de toutes provenances géographiques et temporelles, qui m’a fait connaître beaucoup de poètes.

Ma « famille poétique » a été une famille très « classique » qui s’est constituée autour de moi à l’école primaire puis au lycée et à la faculté. Elle a été agrandie par des lectures plus récentes. Un de mes aïeuls pourrait être La Fontaine. Le père incontesté est Baudelaire, la mère (mes parents ont un décalage générationnel) serait la contemporaine Gabrielle Althen. La fratrie est très nombreuse, de tous âges également : Alfred de Musset, Victor Hugo, Leconte de Lisle, Pierre Reverdy, Louis Aragon, Jean Genet, René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte, Bernard Noël, Yves Namur, Florence Pazzotu, Ariane Dreyfus…

Comme vous le savez, notre projet, en collaboration avec Robyn Newkumet, a été de traduire votre recueil, Éphéméride. Comment diffère-t-il de vos autres publications ? Comment avez-vous procédé pour Éphéméride ? Avez-vous vraiment écrit un poème chaque jour pendant un an ?

Il y a entre Éphéméride et mes précédents recueils la même différence qu’entre un marathon et une course de 100 mètres. Dans ce livre, je suis passée à une écriture au long cours nécessitant un autre rythme, une respiration plus ample. Je me suis donné pour tâche d’écrire un poème par jour et m’y suis tenue.

Chaque soir, je m’endormais en me disant : « Quel sera le poème qui viendra demain ? Qu’est-ce qui me fera signe ? » Parfois j’étais inspirée pour plusieurs jours, mais, d’autres fois, j’étais angoissée à l’idée de ne rien trouver le lendemain, de ne pas pouvoir terminer la course. Lorsque les 366 textes ont été écrits, je les ai revus (je les relisais d’ailleurs régulièrement en les améliorant) et j’ai retravaillé l’ensemble pendant environ une autre année. Quand mon travail a été terminé, au lieu de me sentir libérée de mon angoisse, je me suis retrouvée « en manque » et je me suis lancée très vite dans l’écriture d’un autre gros ouvrage.

Ces poèmes ont-ils un ou plusieurs liens ?

Oui, ils sont reliés par des fils conducteurs en rapport avec le temps, temps quotidien vécu ou temps de la mémoire avec des retours en arrière et l’évocation de mes grands-mères qui vivaient dans des lieux très différents, celle des villes et celle des champs, temps spécifique du poème, temps codifié, temps relatif…


English Translation

Éphéméride
BY Chantal Dupuy-Dunier
(Flammarion, 2009)

Saorge

Saorge, dans la cellule du poème
PAR Chantal Dupuy-Dunier
(Voix d’encre, 2009)

Creusement de Cronce

Creusement de Cronce
BY Chantal Dupuy-Dunier
(Voix d’encre, 2007)

Initiales

Initiales
BY Chantal Dupuy-Dunier
(Voix d’encre, 1999; Prix Artaud 2000)

When I first decided to translate your work, I read French poetry anthologies to try to figure out your “poetic lineage.” Who do you see as your poetic mothers, fathers, grandparents, and siblings? In other words, what writers — French or not — do you trace yourself to?

When I started writing, I was especially inspired by French poets because I didn’t know foreign authors very well, and the ones I did know were mostly from Francophone regions (Belgium, Quebec, Senegal…). More recently I read Eastern poets, followed by Anglo-Saxon and American poets. I discovered the latter thanks to Yves di Manno, who directs the poetry series published by Flammarion. He translates numerous American poets, particularly in Objets d’Amérique [Objects of America] and in Jerome Rothenberg’s anthology Les techniciens du sacré [Technicians of the Sacred], both published by José Corti. The latter, a set of texts from virtually all geographical and temporal origins, introduced me to many poets I hadn’t previously read.

My “poetic family tree” used to be a very “classic” family that I acquired in elementary school, high school, and college. It has been extended by my more recent readings. One of my ancestors could be La Fontaine. Baudelaire is my undisputed father, and my mother (my parents have a generational shift) would be contemporary poet Gabrielle Althen. My sibling group is very large and also spans many ages: Alfred de Musset, Victor Hugo, Leconte de Lisle, Pierre Reverdy, Louis Aragon, Jean Genet, René Daumal, Roger Gilbert-Lecomte, Bernard Noël, Yves Namur, Florence Pazzotu, Ariane Dreyfus…

As you know, our project, in collaboration with Robyn Newkumet, is to translate your collection, Éphéméride. How does this book differ from your other work? Also, what was your writing process like for Éphéméride? Did you actually write a poem every day for a year?

The difference between Éphéméride and my previous collections is the difference between a marathon and a 100-meter race. In this book, my writing project was long-term, requiring a different rhythm, deeper breaths. I gave myself the task of writing a poem a day, and I kept to it.

Every night, I fell asleep, saying to myself, “What poem will come tomorrow? What will beckon to me?” Sometimes I was inspired for several days at a time, but other times, I was distressed by the thought that I’d find nothing the next day, that I’d not be able to finish the race. When the 366 poems were written, I looked back through them (I also would reread them, regularly revising and improving them), and I reworked the entire collection for about another year. When my work was done, instead of feeling relieved of my anxiety, I found myself missing it, and I very quickly threw myself into writing another long book.

Do these poems have numerous links between them?

Yes, they are linked by several strands related to time: daily chronological time or memory’s time, with flashbacks to my grandmothers who lived in very different places, in the city and in the countryside, and they are linked by the specified time of the poem, time as measured on a clock, relative time…


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